Published 2011 | Version v1
Report

Manipulations d'os humains et témoins énigmatiques dans les fosses néolithiques du Barreau de la Devèze-Cabrials : autoroute A75, section Béziers - Pézenas : Hérault, Béziers : Barreau de la Devèze, Cabrials

Description

Situé à l'est de Béziers sur un versant à faible pente de la plaine du bas Languedoc central, le site est de nos jours délimité au nord par un chemin communal et au sud par un petit cours d'eau saisonnier qui s'inscrit dans un réseau de paléo-chenaux. L'opération de fouille qui s'est achevée au début d'octobre 2008 a livré une vingtaine de structures préhistoriques réparties de façon assez lâche sur les 9000 m² décapés. L'occupation principale se rattache au Néolithique final et comporte plusieurs fosses de grandes et très grandes dimensions. L'une d'elles, de plus de 50 m², était conservée sur 1,30 m de profondeur. Elle a livré, dans son comblement, en position secondaire, les vestiges denses et très nombreux d'une importante construction incendiée en torchis à laquelle étaient mêlés des tessons de céramique, des restes de faune mais aussi de nombreux os humains provenant d'au moins trois individus différents. La forme polylobée de ce grand aménagement évoque une zone d'extraction de matière première (ici de la marne miocène) pourtant, il est probable qu'il a également été utilisé comme une grande cave ou une zone d'activité et il est possible que son creusement soit lié à l'édification du bâtiment incendié qui devait se trouver dans sa proximité directe. Les témoins de terre cuite architecturale laissent penser qu'il s'agissait d'une construction essentiellement élaborée en terre et en végétaux souples ou semi-rigides et le bois ne semble pas y avoir joué un rôle structurant majeur. On ne peut pas exclure que la fosse 1003 ait fait partie intégrante de cette aménagement probablement excavé-bâti dont l'architecture reste difficile à déterminer. Une seconde fosse de dimension plus modeste (4,80 m x 4,30 m x 1 m) a également livré des vestiges de construction en terre incendiée associés à un important dépôt de faune et aux restes d'un individu en connexion partielle. L'étude des remontages du mobilier céramique montre que ces deux structures sont strictement contemporaines.Les productions céramiques :À l'exception des niveaux inférieurs de ces deux grandes fosses, la céramique s'est révélée anormalement indigente dans l'ensemble des structures dont plusieurs ont par ailleurs livré une faune (domestique) abondante. L'étude de la petite série céramique d'affinité nettement vérazienne issue de cette fouille se caractérise par la forte prédominance des profils continus : coupes, petits vases ovoïdes, vases tronconiques inverses. Les écuelles carénées anguleuses sont toutefois présentes parfois dotées d'un unique bouton sur la carène. Au niveau des éléments de préhension, la présence de languettes ou boutons superposés généralement par deux est récurrente. Un grand vase à languettes multiples superposées évoque incontestablement les productions de la phase classique du Vérazien audois. D'autres modes de préhension sont également présents : anses en oreille perforées ou anses en boudin, grosses barrettes imperforées ou biforées verticalement, boutons uniques parfois perforés verticalement. Les décors sont rares : il s'agit de lignes de pastilles réalisées au repoussé ou encore de cordons fins horizontaux régulièrement incisés verticalement. Les « gros » cordons sont présents, parfois superposés à plus de 2 exemplaires sur les grands vases. Ils rejoignent généralement un élément de préhension.L'utilisation de dégraissant végétal (glumes, glumelles ou tiges de céréales) est très largement dominante au sein de la série. Quelques vases présentent toutefois des inclusions non plastiques exclusivement minérales. L'ensemble se rattache à une phase moyenne du Néolithique final datée entre 2800 et 2500 av. J.-C. Quelques structures riches en faune semblent se rattacher à une phase plus ancienne (datée entre 3500 et 3100 av. J.‑ C.) mais elles n'ont livré aucun mobilier.L'industrie lithique :Comme c'est souvent le cas dans ce contexte chrono-culturel, l'industrie lithique est très rare sur l'ensemble du site. On compte au total 39 pièces parmi lesquelles on peut reconnaître sept matières premières différentes : le silex barrémo-bédoulien blond et gris originaire du Vaucluse, le silex oligocène de Forcalquier dans les Alpes-de-Haute-Provence, deux types de silex tertiaire disponibles dans les environs proches, le quartz filonien et une roche dure à grain fin disponibles dans les alluvions de l'Orb. On peut identifier trois techniques de taille dans la série lithique. D'un côté une production locale d'éclats par percussion dure directe à partir de matériaux disponibles dans un environnement proche, de l'autre la pression et la percussion indirecte pour les produits laminaires sans doute importés. Ces différents modes opératoires sont en lien avec les matières premières employées.Le seul fragment de lame découvert sur le gisement est en silex de Forcalquier et a été obtenu par percussion indirecte. Les trois lamelles en silex gris et blond, barrémo-bédoulien, ont été traitées thermiquement et pourraient avoir été produites par pression. Si elles appartiennent bien à la série du Néolithique final et ne sont pas en position secondaire, elles indiquent la perduration de l'importation de certaines productions de filiation chasséennes dans les groupes de populations de la fin du Néolithique. Malgré un soin particulier apporté à la recherche de vestiges métalliques, aucune pièce ou scorie n'a été découverte.La faune :L'assemblage faunique préhistorique est presque exclusivement constitué d'espèces domestiques. La triade « bovins, ovicaprins et porcins » est largement dominé par les bovins. Le mouton est attesté. Le chien est également présent.

Additional details

Created:
December 4, 2022
Modified:
December 1, 2023