Restituer la diversité et la complexité des traditions ornementales épigravettiennes : approche systémique de la biographie des objets de parure de l'abri Martin (Alpes-Maritimes, France)

Description

Durant l'Épigravettien (24 000 – 11 000 cal. B.P.), la parure est majoritairement constituée de coquilles marines. Cependant, ces assemblages n'ont souvent bénéficié que de déterminations malacologiques, qui révèlent une certaine homogénéité dans le choix espèces utilisées et les études technologiques et fonctionnelles n'ont été menées que sur peu de sites. Malgré la rareté des données concernant la chaîne opératoire technique et les modes d'utilisation, les quelques travaux techno-fonctionnels ont permis de mettre en lumière à la fois l'existence de pratiques communes et de choix techniques ou ornementaux différents. La prise en compte systématique de tous les aspects de la biographie des objets semble donc nécessaire pour appréhender pleinement la complexité et la diversité des traditions ornementales épigravettiennes. L'étude présentée ici se propose de contribuer à la reconstitution des traditions ornementales à travers le cas de l'abri Martin (Gréolières, Alpes Maritimes). Situé à 900 mètres d'altitude, ce site a révélé des niveaux archéologiques attribués à l'Épigravettien terminal. Parmi les vestiges découverts dans ces niveaux, 136 éléments de parure en coquille marine ont été collectés, formant un corpus composé à la fois des espèces très courantes dans les assemblages contemporains (Tritia sp., Columbella rustica, Antalis sp.), mais aussi d'éléments exceptionnels (Mitrella gervillii et Euspira sp.). Les différentes étapes de la chaîne opératoire ont été étudiées dans une approche systémique, intégrant l'acquisition des matières premières, les modes de fabrication, la reconstitution des modes d'utilisation et l'étude du contexte d'abandon. L'intégration de l'approche techno-fonctionnelle à l'étude des objets de parure, bien qu'encore ponctuelle, permet d'apporter de nouvelles données, permettant de contribuer à une meilleure compréhension des comportements des groupes épigravettiens. Cette approche permet en effet d'éclairer non seulement leur mode d'exploitation des territoires à travers les sources d'acquisition, mais aussi les choix techniques et les pratiques ornementales. Le recours systématique à ce type d'étude permettrait de constituer une image plus complète des traditions ornementales épigravettiennes et mieux comprendre dans quelle mesure elles nous renseignent sur l'organisation des groupes.

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