La forêt méditerranéenne, entre patrimoine naturel et héritage culturel

Description

Les paysages méditerranéens du midi de la France, avec leurs garrigues et maquis sempervirents, contrastent avec les hautes forêts caducifoliées qui se développent dans les régions plus septentrionales. Pourtant, la définition de ces végétations méditerranéennes a fait l'objet de nombreux débats entre la fin du 19éme siècle et le dernier quart du 20ème siècle, les propositions oscillant entre des critères éminemment anthropiques, comme la limite de la culture de l'olivier, et la définition d'étages de végétation d'origine exclusivement bioclimatique. La prise en compte de l'histoire des associations végétales qui caractérisent le bassin méditerranéen nord-occidental, de leur mise en place, leur évolution et de leur répartition depuis le début de l'Holocène, il y a 12000 ans, a permis, à partir des années 1980, de mieux comprendre la part de du déterminisme climatique et celle des activités humaines, depuis l'avènement de l'économie agropastorale au Néolithique, il y a près de 8000 ans, dans la construction des paysages actuels. L'étude des restes végétaux retrouvés en contexte naturel (pollen) ou sur les sites archéologiques (charbons de bois) montre que le réchauffement climatique postglaciaire a permis dans un premier temps le développement de chênaies caducifoliées, dominées par le chêne pubescent mais à la flore ligneuse très diversifiée, jusque dans les plaines littorales. Ce n'est qu'à partir du milieu du Néolithique, il y a 6 millénaires, que les végétations sempervirentes dominées par le chêne vert vont progressivement s'étendre sur l'ensemble de l'étage méso-méditerranéen, des formations de dégradation à buis, genévrier ou pin se développant à l'étage supra-méditerranéen, sous l'effet notamment du pastoralisme puis et de l'exploitation du combustible ligneux. Les forêts, garrigues, maquis et landes méditerranéennes sont aujourd'hui reconnues comme des végétations anthropiques, héritage de pratiques humaines millénaires, dans un contexte climatique particulier. Leur évolution à venir, sous les effets conjugués de la déprise sylvo-agropastorale et du changement climatique global, reste particulièrement difficile à prédire.

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